COMPAGNIE DOMINIQUE HOUDART-JEANNE HEUCLIN

LE COLPORTEUR - GAZETTE DE LA COMPAGNIE

Février 2013

VIE DE LA COMPAGNIE

Nous devions, à la fin du mois de février, aller en Tunisie participer à un festival à Sousse, animer un atelier marionnette avec les Padox, des représentations du 'Petit Théâtre d'objet des philosophes' et une intervention dans un colloque consacré à la marionnette. Mais le faible budget accordé par l'Institut Français de Tunisie nous obligeait à y aller par la route et par ferry, et rouler avec un camion français sur les routes de Tunisie, au moment où les salafistes gagnent du terrain et font régner la terreur, nous a fait renoncer à ce projet, malgré tout le plaisir que nous aurions eu à retrouver la Tunisie où nous avons beaucoup joué, créé deux spectacles au Festival d'Hammamet.

Cela n'empèche pas les beaux projets pour 2013, tout d'abord au Brésil, en Avril, où les Padox seront présents au Festival de Porto Alegre. Nos philosophes à Langeais, Avignon chez Gérard Gélas, Ancenis, Nanterre, sans doute dans les Caraïbes, au Québec, également, à Montréal, où nous accueilleront le Festival Casteliers, l'Association des marionnettistes du Québec et la Bibliothèque de Montréal.

Notre répertoire actuel :

Petit Théâtre d'objet des philosophes

Zazie dans le métro de Raymond Queneau dans l'adaptation de Evelyne Levasseur

et nos éternels Padox

Pour nos amis de la région PACA et Languedoc Roussillon Gérard Gélas et le Théâtre du Chène Noir d'Avignon nous accueillent les 11 avril 2013 à 19h et 12 avril à 20h30

Voici un texte écrit à la demande de notre amie Brunella Eruli , qui nous a quittés récemment, rédactrice en chef de la belle revue Puck, pour le numéro 19 consacré aux collections et à la conservation des marionnettes.

Or nous venons de faire une donation de nos marionnettes, du moins celles qui ne jouent plus, à la Bibliothèque Nationale de France. Voici quelques réflexions à ce sujet

CONVERSATION SUR LA CONSERVATION

Notre Compagnie va avoir cinquante ans dans un an, un demi-siècle de créations, de spectacles, de marionnettes. Que deviendront ces marionnettes lorsque nous n'aurons plus la possibilité de leur donner la vie ? Et que faire de celles qui, depuis quelques années, dorment dans leurs caisses, princesses endormies d'un conte éphémère.

Dans une lettre à Roger Blin lors de la création des Paravents, Jean Genet lui écrivait qu'un spectacle ne doit se jouer qu'un seul soir, et disparaître comme une comète dans le ciel. La disparition, la sortie de scène, l'effacement du personnage, c'est le lot du Théâtre d'acteur. Mais, pour la marionnette, l'objet demeure, son ême aussi, au-delà de la matérialité. Elle irradie, vibrante encore de ce que le manipulateur et le vocaliste lui ont transmis, et ne demande qu'à revivre. Longtemps j'ai pensé qu'exposer des marionnettes était contradictoire avec la finalité de ces objets, que c'était aussi vain que d'exposer des bobines de film sans projection. Et j'ai rèvé d'un musée où les marionnettes seraient vivantes, animées. Mais il est évident que cela pose des problèmes de conservation et que c'est par ailleurs incompatible avec le statut patrimonial des collections muséales.

Ces marionnettes ont vécu, elles ont donné le meilleur d'elles-mèmes en spectacle. Mais il reste l'objet, sa facture, sa technique. Ce n'est pas un objet neutre, il a participé à une cérémonie, c'est un objet qui relève du sacré. La question liminaire se pose : que faire de ces marionnettes, lorsqu'elles ne sont plus 'jouées' comme on dit d'un instrument de musique qu'il est joué ?

Peuvent-elles laisser une trace, un témoignage de créations disparues ?

La numérisation effectuée dans le cadre du Portail des arts de la marionnette (1) par l'Institut international de marionnette, quelques compagnies, la Bibliothèque nationale de France (B.N.F.), et plusieurs musées spécialisés comme le musée Gadagne à Lyon joue ce rôle. Nous avons eu le privilège d'ètre une des compagnies choisies pour que leurs archives et leurs marionnettes soient numérisées, mises en ligne. Notre rencontre avec le Département des arts du spectacle à la B.N.F., avec son directeur, Joël Hutwohl, et Cécile Obligi, conservatrice, a été la solution la plus merveilleuse pour conserver notre patrimoine, dans les meilleures conditions du monde, et permettre à des chercheurs, dans le futur, d'étudier notre travail, nos objets et nos documents. Nous avons été éblouis par la qualité de la conservation de nos marionnettes, dans des boites thermoformées à la dimension de chaque objet, enveloppées de papier sans Ph, restaurées, à l'abri de toutes les atteintes du temps et des insectes. Nous avons été séduits par la qualité des photos qui ont été prises, marionnette par marionnette, chacune photographie sous 8 angles différents pour que chacun apparaisse. Pas de face cachée.

La marionnette, je la définis volontiers comme le prolongement de l'acteur. Cette conservation au plus haut niveau est le prolongement idéal de nos créations. Lien vers le site www.artsdelamarionnette.eu .

Amicalement

Dominique Houdart et Jeanne Heuclin

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