Compagnie Dominique HOUDART - Jeanne HEUCLIN

LE COLPORTEUR GAZETTE DE LA COMPAGNIE

Janvier 2008

Tous nos voeux de juste colère.

L'OEUVRE ET LA POUDRE

Un certain nombre de progrès dans l'histoire de l'humanité ont été nourris, activés, par des révoltes profondes.
Ces révoltes provenaient de sentiments d'injustice, d'inégalité, de trahison.
Le ressentiment engendre la révolte qui entraîne la révolution ou la réforme, et ceci à toutes les époques.
Révolte n'est pas nécessairement synonyme de violence, la révolution peut être douce et non violente comme celle de Gandhi, elle peut être sanglante comme la Révolution Française ou Russe, elle peut être strictement idéologique comme la Réforme protestante. Les révoltes ont engendré les Droits de l'Homme, la démocratie, la libération des peuples et le libre-arbitre.
Mais, cette révolte, cette colère dont parle le philosophe allemand Peter Sloterdjik, est « une force fondamentale dans l'économie des affects ».
Et il ajoute dans son ouvrage Zorn und Zeit, La Colère et le temps, « S'il fallait résumer en une phrase la caractéristique forte de la situation psychopolitique actuelle du monde, ce devrait être la suivante : nous sommes entrés dans une ère dépourvue de points de collecte de la colère ».

Car lorsque la révolte se fait terreur, elle devient totalement improductive de progrès social, et d'énergie politique. Ce phénomène nouveau semble assez symptomatique de notre époque, qui a tendance à confondre la sainte colère et le terrorisme aveugle. Tout se passe comme si les révoltes ne trouvaient plus un cadre progressiste. Faut-il en conclure que l'idée de progrès n'existe plus, que l'humanité est condamnée à vivre des terreurs et des contre terreurs, de la violence et des défenses, des agressions et des protections ?

C'est vraisemblablement ailleurs que peut se développer le progrès. L'évolution de la conscience est telle que la révolte et l'affrontement sont de moins en moins des moyens de progrès. Ce n'est pas ainsi que pourront se résoudre les grands conflits mondiaux, ni la guerre de l'islam contre l'occident, ni le conflit israélo-palestinien, ni la guérilla colombienne. J'imagine que le progrès, si la mondialisation n'est pas un leurre, viendra de l'ouverture totale des frontières et de la libre circulation des individus, de la non-violence imposant un désarmement généralisé. Je rêve qu'il soit le contrepied de la révolte, et le début d'une démocratie à l'échelle non pas des régions ou des nations, mais de la planète. Utopie réalisable, mais totalement opposée à toute idée de nationalisme. Quel chemin à parcourir avant de rendre la terreur obsolète ! Tant que l'humanité restera dans ce vieux schéma du désir mimétique analysé avec tant de pertinence par René Girard, tant que nous aurons besoin d'affrontements pour vivre ces crises, de bouc émissaire pour calmer la violence, l'humanité risque de ne pas pouvoir atteindre à la sérénité.Combien de kamikazes, de bombes humaines, de victimes sacrificielles faudra-t-il avant d'aspirer à la sagesse ?

Les artistes ont sans doute un rôle éminent à jouer dans cette perspective. L'idée d'oeuvre et de création doit être omniprésente dans l'activité humaine, placée au dessus des actes d'échange et de commerce. L'oeuvre ne se consomme pas, elle se vit. La création est le possible substitut à la révolte et à la violence. Cela passe par une formation du public, mais aussi une profonde transformation de l'état d'esprit des artistes qui doivent tenir compte des aspirations de la société, plus que des états d'âme des subventionneurs. À la culture institutionnelle, pourquoi ne pas substituer une culture sociétale ?

Et ce n'est pas une mince affaire : car on ne peut se contenter de proposer des oeuvres, des créations individuelles, quelle que soit leur qualité. L'art est un acte individuel. Ce qu'on appelle culture, (et les définitions abondent) peut être considéré comme un acte collectif qui repose sur des valeurs communes. Notre culture, celle à laquelle on peut aspirer, ne peut éclore dans les circuits commerciaux, mais dans la cité, dans la rue, où artistes et citoyens mêlés retrouvent le sens de la communauté, de la fête, de l'imaginaire, de la poésie et de la vibration collective, bien loin des fêtes parachutées, imposées ou récupérées. Pour une belle nuit blanche, combien de nuits noires ?
Les civilisations sont mortelles, certes, mais les oeuvres sont-elles pas immortelles ?
La catharsis pourra-t-elle remplacer l'explosif ?
L'oeuvre précèdera-t-elle la poudre ? Quoi qu'il en soit, elle lui survivra.

Dominique Houdart et Jeanne Heuclin.

Zazie dans le métro

Adaptation Evelyne Levasseur

PADOX

Stage Padox pour les élèves de l'Ecole du Théâtre du Chêne Noir à Avignon, les 1er et 2 avril, sorties dans les rues d'Avignon les 12, 13 et 16 avril.
Nous pouvons accueillir quelques stagiaires ne faisant pas partie de l'Ecole.




Renseignements :
Nouvelle adresse

Cie Dominique Houdart-Jeanne Heuclin
12 RUE VAUVENARGUES
75018 PARIS
Tel 01 42 81 09 28
GSM 06 11 87 62 77
Siret: 353 180 813 00035
APE 923 A
Licence cat 3 n 15816
La Compagnie est conventionnée par le Ministère de la Culture, DRAC Ile de France.
Tous droits réservés. Copyright 2003-2004 Compagnie-houdart-heuclin.fr
Ce site est prévu pour Mozilla et IE 5.x en 1024x768.

Lire la gazette du mois de :

2003

Septembre-octobre

Novembre-décembre

2004

Janvier-Février

Mars

Avril - Mai

Juin - Juillet - Août

Septembre - Octobre

Novembre - Décembre

2005

Janvier

Avril-Mai-Juin

Juillet

Août

Septembre-Octobre-Novembre

2006

Janvier-février-Mars

Avril-Mai

Juillet

Septembre

Novembre

2007

Janvier

Février

Mai

Octobre

Décembre

2008

Janvier

Mai

Septembre

2009

Février

Mars

Mai

Août

2010

Janvier

Mai

Septembre

Novembre

2011

Janvier

Février

Mars

Mai

Juillet

Août

Septembre

2012

Janvier

Février - Mars

Mai

Juillet

2013

Janvier

Février

Mars

Mai

Hommage à André Gintzburger

Septembre

Novembre

2014

Janvier