LE COLPORTEUR

Gazette de la compagnie
Septembre - Octobre 2003

Apocalypse ? Now ? Non !

 Rentrée chaude ? Plutôt frisquette !

 Le mouvement s'essouffle, le Gouvernement écrase les chômeurs, les syndicats s'écrasent, la France écrase une larme, baisse la tête, avale la pilule, pas de vagues et chacun pour soi. Les "Assises" portent bien leur nom, tout le monde est assis, bientôt couchés, les professionnels affirment leur solidarité, nous voilà bien avancés. Quelques parlottes avant les spectacles, pour la bonne conscience.

 À Charleville, on brûle une marionnette tous les jours sur la Place Ducale. Fumée sans feu. Sommes nous assez naïfs pour croire que cela va changer les choses ? Que le très vaste problème de la culture dans la France européenne va se régler avec le temps ?

 La descente aux enfers est pavée de bonnes inventions (protocole du 26/6, suppression de l'épargne populaire, hausse du gaz oil, suppression de 4000 postes dans l'Education Nationale, chômeurs en fin de droit sans indemnités, etcÉ), de petites lâchetés, de grand désarroi et de bras ballants... Le feu de cet enfer, c'est Star Academy, opium du bon peuple qui n'y voit que du feu.

 La désertification que nous annoncent les météorologues, elle n'est pas que dans l'atmosphère, elle est dans les têtes, dans les coeurs.

 Quelle alternative, quelle alternance ?

 Aucun programme, aucun projet, le vide, la politique en creux.

 Il faudra toucher le fond pour remonter à la surface.

 Rentrée chaude ? Non, glaciale !

 Il est vraiment temps de créer des réseaux alternatifs, par exemple des maisons de compagnonnage théâtral, une dans chaque département, il est vraiment temps de lancer quelques suggestions, a nos députés, du genre "taxe Tobin pour la culture", car il est inacceptable que le déficit de l'UNEDIC soit supporté par les seuls salariés.

 Et puis, et surtout, il est indispensable de mettre le public au centre du débat et de la réflexion. Tant que la culture sera une institution, on s'adressera à une élite. C'est sur le terrain que cela va se jouer. C'est dans la rue, dans les bistrots, dans les lieux où le public n'hésite pas à venir, qu'il faut le rencontrer, le séduire, lui apporter poésie et réflexion.

 C'est ce que nous nous efforçons de faire, avec les Padox dans la rue, avec Zazie dans les bistrots.